Mi sono perso

Installation mit Neonschrift | 2015

1.
Ambiguïté:
L’expression “mi sono perso”, en français “je me suis perdu”, paraît correspondre à “j’ai perdu l’orientation”, mais également à “j’ai perdu moi-même”, c’est-à-dire “je suis perdu”. Elle oscille entre un constat géographique – objectif – et un game over existentiel – subjectif. L’allemand “ich habe mich verloren” met l’accent sur le fait que c’est moi-même ce qui est perdu, et on s’attendrait à une continuation: “je me suis perdu dans…”. L’ambiguïté sémantique entre le géographique et l’existentiel reste, même s’il ne s’agit plus d’une perte d’orientation. Cette ambiguïté parle de l’ancrage spatiale de l’existence, et du fond existentiel de la géographie.

Tension:
L’idée que derrière toute écriture de la terre, tout dessin d’orientation, derrière toute pulsion géo-graphique, il y a le sentiment de l’imminence de se perdre, d’être perdu. La géographie serait donc une sorte de résistance contre le risque de se perdre.

Révolution:
Non. Le fait de se perdre est plutôt un point de départ, joyaux, une occasion de se retrouver dans une réalité non préalablement écrite. Le risque de se perdre est une chance, une chance d’être véritablement là, sur terre. La géographie commence là où je me suis perdu. Le fait d’être perdu, l’inattendu, est l’arrière-pensée de toute géographie. La géographie est toujours “ma” géographie.

Perturbation:
L’écriture de la terre peut aller à l’encontre de l’écriture des cartes dites géographiques, et peut la défaire. Elle peut être un geste qui crée un espace pour une réécriture. Elle peut être un trou dans une carte.

1.
Ambiguity:
The expression “mi sono perso”, in French “je me suis perdu”, seems to correspond to “j’ai perdu l’orientation”, but also to “j’ai perdu moi-même”, i.e. “I am lost”. It oscillates between a geographical observation – objective – and an existential game over – subjective. The German “ich habe mich verloren” emphasizes that it is myself that is lost, and one would expect a continuation: “I got lost in…”. The semantic ambiguity between the geographical and the existential remains, even if it is no longer a loss of orientation. This ambiguity speaks of the spatial anchoring of existence, and of the existential background of geography.

Tension:
The idea that behind every writing of the earth, behind every orientation drawing, behind every geo-graphic impulse, there is the feeling of imminence of losing oneself, of being lost. Geography would therefore be a kind of resistance against the risk of getting lost.

Revolution:
No. Losing oneself is rather a starting point, a gem, an opportunity to find oneself in a reality not previously written down. The risk of getting lost is a chance, a chance to really be there, on earth. Geography begins where I got lost. The fact of being lost, the unexpected, is the ulterior motive of all geography. Geography is always “my” geography.

Disruption:
The writing of the earth can go against the writing of so-called maps, and can undo it. It can be a gesture that creates a space for rewriting. It can be a hole in a map.