Das Glück ist ein Vogel | Giuseppe Di Salvatore | Saaltext Schloss Meggenhorn

De l’amour. On ne peut qu’en dire l’indicibilité. On ne peut qu’en parler d’après coup, comme un récit de ce qui s’est passé, comme un fait qui nous est arrivé. Visibles sont les effets, jamais l’amour lui-même.
Il y a toujours quelque chose qui ne nous satisfait pas quand on parle de nos amours. Quelque chose qui glisse, dans l’impossibilité de saisir la forme parfaite, le cercle. Et ce sont trois cercles parfaits qui mettent en scène le spectacle inadéquat des images qui parlent d’amour. Un amour d’ailleurs si proche: à Meggen, le village à côté.
Dans un cadre de carte postale, simplement fabouleux, il n’y a que les clichés qui semblent appropriés. Mais ne sont pas justement les clichés qui, paradoxalement, respectent avec plus de fidélité l’insaisissabilité de l’amour? En renonçant à tout discours vrai sur l’amour, ils disent sincèrement son indicibilité. On retrouve un goût spécial, ainsi, à suivre les fils des récits, les suggestions des photos de mariage, peut-être attentifs plus à ce qui se cache qu’à ce qui se montre…

Das Glück ist ein Vogel. Qui vole, qui part, libre. Mais aussi qui plane et qui touche, bouleversant le lien du Schloss d’amour, et animant les murs du Schloss de fable. Toucher, tangere en latin: l’oiseau du bonheur arrive comme une tangente, qui touche la perfection quelque part, jamais là, dans un instant du passé, dans un instant du futur.

La perfection inadéquate des images est alors doublée par la ligne tangente du son. Au fil des récits s’entrelacs le fil de la musique. La musique de la voix de Léo Ferré, qui passe discrètement comme un memento mori à briser les cadres des mariages, comme la prose du monde tangente de la poésie des nos chères images. Et la musique du tango, tangente des trois cercles, avec son jeu de corps dansants. Invisible c’est le mouvement de la danse, qui part au niveau de la poitrine, là où les corps se touchent. Visibles ce sont ses effets, les essais des pieds qui explorent l’espace, se caressent, dessinent une broderie d’élégance et de surprise, ici montrée jusque dans sa beauté spectrale.

Au Schloss de Meggenhorn, par la mise en scène de Ruth Baettig, le bonheur et l’amour arrivent comme un oiseau invisible, tangente qui touche dans un seul point la courbe de la vie.